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Histoires des îles Comores
17 février 2011

L’ORGANISATION SOCIALE ET POLITIQUE DU SULTANAT

Une forte composante africaine caractérise le peuple comorien et l’organisation  clanique du sultanat bien qu’arabophone reflète cette spécificité culturelle. En effet, dans la société africaine traditionnelle, la transmission demeure en principe matrilinéaire et la résidence, matrilocale. Ce type d’organisation prend tout son sens lors du décès des ascendants, en réglant les droits de succession. De fait, les enfants héritent en lignée maternelle et la « maison familiale » reste la possession de la femme. Les peuples musulmans observent, quant à eux, en général, les règles édictées par la patrilinéarité et la virilocalité, plus proches des us et coutumes chrétiennes. Le nom est transmis par le père et l’épouse quitte sa famille pour aller vivre chez son mari. En effet, si on se réfère à la généalogie des principaux sultans et princes, on constate bien que tous les noms intègrent le patronyme du père. Citons par exemple Saïd Ali et Ben Saïd Omar.

L’administration du territoire : Une cité-Etat

A l’époque de Sultan Saïd Achmet (1793, + 1875), il existait une fédération de sultanats placés sous l’autorité d’un chef suprême : le sultan thibé. La  fédération comprenait douze provinces, administrées par un sultan. Le sultan Saïd Achmet, du sultanat de Bambao exerçait sa suzeraineté sur cinq sultanats provinciaux et le Sultan rival, Moussa Foumou du sultanat d’Itsandra exerçait la sienne sur trois sultanats provinciaux. Les provinces de BADJINI et de DOMBA étaient  autonomes. (Cf. le schéma n°1) La fédération représente au total 12 provinces.

Saïd Ali (1855, + 1916), petit-fils de Saïd Achmet et dernier sultan de l’île qui signa avec la France le traité qui devait entériner le Protectorat, en janvier 1886, proposa de ne laisser subsister que 5 sultanats afin d’atténuer les querelles belliqueuses entre les sultans subalternes du territoire (Cf. schéma n°2) Or, le 5 janvier 1892, la France imposa à Saïd Ali un traité qui devait réorganiser le territoire. En effet, elle abolit les sultanats existants et les remplaça par douze provinces, administrées par un Cadi. Le traité du 5 janvier 1892 enterrait à jamais le Sultanat. Le Protectorat redessinait les régions comoriennes telles que Saïd Achmet les avait gouvernées lorsqu’il était le sultan thibé de l’île de la Grande Comore.

La division de l’île en douze sultanats : 2 sultanats centraux, 8 sultanats provinciaux et 2 provinces « autonomes »

DOMBA……………….....

Bandjamadji

MBADJINI……………...

Chindini, Foumbani

ITSANDRA………….....

N’Tsoudjini

OICHILI………………....

Combani

M’BOUDE……………....

N’Tsaouéri

MITSIAMOULI………..

Mitsamiouli, Bangoi-Koundi

M’BOINKOU…………...

Chézani

HAMAHAMET………..

M’Beni

DIMANI………………....

Itsikoudi

HAMANVOU………....

Hahaïa

HAMBOU……………....

Dembéni

BAMBAO……………....

Iconi, Moroni

Nota Bene : MBADJINI et DOMBA sont des « provinces autonomes »

La division de l’île en cinq sultanats :

Les sultanats

Les capitales

1

Le Bambao

Moroni

2

Itsandra

N’Tsoudjini

3

Mitsamiouli

Mitsamiouli

4

Boudi

N’Tsaouéni

5

Mbadjini

Fombouni

Le rôle du sultan thibé dans l’organisation pyramidale de la société comorienne

Un seul sultan pouvait prétendre au titre honorifique de sultan thibé. Mais le titre n’était  pas héréditaire, - (A la différence du titre de Sultan) et la guerre semble avoir  été le seul moyen de l’acquérir. Aussi, les historiens ont-ils qualifié les Comores « d’archipel aux sultans batailleurs » Les historiens s’accordent également à faire partir les deux principales lignées de sultans d’un prince arabe (ou perse ?)

Deux clans matrilinéaires et matrilocaux se disputèrent le titre de sultan thibé :

  • le clan HIGNA (ou INYA) FOUMBAIA (ou FWAMBAYA) et ITSANDRA représenté pour la période (1867 – 1883) par Moussa Foumou * (+1883)
  • le clan HIGNA (ou INYA) PIRUSA (ou MATWA PIRUSA) de BAMBAO représenté pour la période (1880 – 1893) par Saïd Ali (+ 1916).

Les membres de ces clans héritent du titre « M’FAUME » (Prince) et le prince investi porte celui de « SULTWAN » (sultan)

Au départ, il apparaît que le thibé n’était qu’un chef de guerre généralissime, désigné par les sultans coalisés pour faire face à une situation de conflits internes ou externes, sans pouvoir sur le gouvernement des états fédérés. Or, au fil du temps, les sultans thibés s’employèrent à renforcer leur autorité, intervenant dans la gestion intérieure des sultanats et plaçant les membres de la famille régnante à la tête de ceux-ci. Cette prérogative d’intronisation de nouveaux sultans comportait implicitement le pouvoir de destituer les anciennes, et ce faisant, elle alimenterait les querelles qui agitèrent l’histoire politique du XIX° siècle de la Grande Comore.

Une telle évolution de l’institution fut menée à terme par Saïd Ali, le dernier sultan de l’île, dit le « Prince noir » dont nous évoquerons le règne au cours de cette étude.

Le titre de sultan était en principe héréditaire, en lignée matrilinéaire. Or il apparaît que les droits successoraux constituaient une condition nécessaire mais non suffisante, si l’on se réfère aux conflits de succession qui alimentèrent les guerres que devait conduire Saïd Ali - (désigné par son grand-père Saïd Achmet, en lignée matrilinéaire) - pour affirmer sa suzeraineté sur les sultanats provinciaux et sa souveraineté sur le sultanat de Bambao.

Par ailleurs, lors de la vacance de pouvoir, plusieurs princes collatéraux (frères, cousins parallèles) régnaient selon le principe de rotation dont la durée était limitée à une année de l’Hégire.

Enfin, dans l’exercice du pouvoir, le sultan était  secondé par les VIZIRS (ministres) recrutés dans les sous clans matrilinéaires. Or, en réalité, leur titre n’était qu’honorifique. En effet, à la fin du XVIII° siècle et tout au long du XIX° siècle, l’organisation des pouvoirs à la Grande Comore, constituait une hiérarchie pyramidale de type féodal ; un souverain  (le sultan thibé) et les suzerains (les principaux sultans subalternes) devant prêter allégeance au thibé et lui verser un tribut.

Les villages étaient dirigés par des chefs de villages et les Cadis rendaient la justice.

Source:etoileroyale

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