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Histoires des îles Comores
17 février 2011

LES COMORES : UNE MOSAIQUE DE PEUPLES METISSES

L’origine sémite du peuplement

La légende fait débuter l’histoire de la Reine de Saba, Balkis, vers – 1010, soit un millénaire avant Jésus-Christ ! Sans relater les péripéties qui constituent le schème de ce récit mythique, nous signalerons toutefois la référence au Khartala, volcan de la Grande Comore, dans lequel le trône de la Reine de Saba aurait été englouti. L’intérêt de cette légende, pérennisée par la tradition orale, réside dans la certitude que les Comores étaient connues et fréquentées par les hébreux. Peut-être servaient-elles d’escales de ravitaillement sur la route du pays de SOFALA (le Mozambique) où les flottes du Roi Salomon se fournissaient en bois rares (esclaves ?) et métaux précieux (or ?) Toujours est-il que le récit ne précise pas que l’île était peuplée d’hommes, en dehors de la référence aux mauvais esprits…Or, selon le manuscrit trouvé à Mayotte du chroniqueur officiel « Saïd Bacar », les premières immigrations concernaient des arabes, venu de la mer Rouge avec femmes, enfants et esclaves, dix siècles avant Jésus-Christ, après la mort du Roi Salomon. Toutefois, l’hypothèse d’un peuplement tardif demeure la plus sérieuse.

En effet, aux X° et XI° siècles, les géographes arabes donnèrent le nom de « DZAZAÏR AL KAMAR » littéralement les « îles sous la lune » aux îles de l’archipel. De plus, dès le moyen âge, on note la présence de colonies de musulmans trafiquants d’esclaves, établis sur ces îles. De même, les historiens et les archéologues datent l’histoire des Comores à partir du XIII° siècle.

Les musulmans à l’origine du métissage de la population

Dans « l’histoire de Madagascar » ouvrage paru en 1661, Etienne de Flacourt émet l’hypothèse qu’au X° siècle, des chefs perses vaincus s’établirent à Zanzibar et aux Comores et qu’un groupe plus considérable se fixa à Madagascar. De même, d’autres auteurs supposent qu’entre les XIII° et XIX° siècles, des chiraziens (Perses) et des arabes métissés avec des populations noires Bantous, se seraient installés dans les îles de l’Océan Indien, en y important la religion musulmane.

Fuyant la côte d’Afrique (KILWA), en raison des dissensions religieuses qui opposaient les Sunnites aux Chiites, ils seraient venus en Grande Comore, sous la conduite de Mohamed ben Haïssa  * (1506) probablement un Chirazien.

Depuis l’arrivée des chiraziens, l’élément arabe se serait renforcé d’arabes de Patta, de Zanzibar de Mascale, de l’Yémen qui se seraient définitivement établis dans les Comores.

Cette hypothèse mérite notre attention pour deux raisons. D’une part, on sait qu’au XIII° siècle, deux princesses chiraziennes épousèrent des chefs locaux (Bedjas) et fondèrent ainsi plusieurs dynasties de sultans qui règneraient dans l’île. Le chef Mohamed ben Haïssa épouserait une descendante des premières princesses et serait à l’origine de deux principales lignées de sultans qui gouverneraient l’île. Ils se seraient établis soit à Itsandra, soit à Bambao. Or, la famille royale du sultanat de Bambao est l’objet de notre étude, centrée sur une figure clé : Saïd Ali, le dernier Sultan de l’île et Mohamed ben Haïssa est sans doute l’ancêtre éponyme de cette famille royale. D’autre part, les alliances qu’entretinrent les sultans des îles de l’archipel et particulièrement ceux de la Grande Comore avec le Sultanat de Zanzibar jusqu’au protectorat (1886) ainsi que le commerce inter îles de la traite des noirs, corroborent cette hypothèse.

L’apport d’africains dans le peuplement :

L’activité commerciale des immigrants arabes porta principalement sur le trafic d’esclaves, arrachés à la côte africaine et transitant à Zanzibar et aux Comores à destination de l’Arabie dans un premier temps, puis, à destination des Mascareignes. Au moyen âge et à la Renaissance (Européens), les Comores, comptoir de la traite connurent une période de prospérité. Cette abondance de chair humaine devrait attirer, par la suite, (fin XVIII° début XIX°) les pirates malgaches et les forbans européens en quête, eux aussi, de « bois d’ébène.

Mise à part l’allusion fantaisiste que fit Marco Polo, en 1229, dans les fameux récits de voyages, il la peuple « d’oiseaux griffons », les Comores demeurèrent inconnues aux européens jusqu’à  la fin du XV° siècle. Ce furent les Portugais qui les révélèrent au monde occidental, au cours de leurs pérégrinations vers les Indes.

Le 3 mars 1496, Vasco de Gama relâcha dans une petite île de l’archipel. Il déclare qu’il y rencontra des esclaves noirs d’Afrique, des musulmans et des Comoriens. La traite des esclaves, très florissante au XV° siècle, devait en effet introduire des noirs de toutes les tribus de Madagascar et de la côte d’Afrique. On y trouve des Zendjes, des Makouas, des Moutchaouas, des Chambaras et des Cafres. Termes traduits dans la phonétique européenne.

Lorsque le Mozambique devint une colonie portugaise, les Portugais tentèrent en vain, de s’emparer de ces îles proches afin de se pourvoir en esclaves. On connaît le sort tragique de l’aventure portugaise (Ils furent exterminés par les indigènes) Des tombeaux seraient encore visibles en Grande Comore.

Toutefois, à partir du XIX° siècle, la nouvelle route ouverte vers les Indes établit dans le canal du Mozambique, une navigation européenne sans cesse plus active.

L’apport des malgaches puis des Indiens et Européens dans le peuplement :

A la même époque, (XVI° siècle), les migrations malgaches et Sakalaves consécutives aux guerres incessantes que se livraient les peuplades malgaches, devaient compléter cette mosaïque de peuples.

Ajoutons à cela l’arrivée plus tardive (XIX° siècle) des Indiens de Bombay ou de la côte Malabar, attirés par le commerce. Mentionnons également les Européens ou créoles (leurs descendants), peu nombreux certes, qui s’y établirent à partir du XIX° siècle.

Nous conclurons ce chapitre en rappelant qu’au cours du XVIII° siècle, et jusqu’au début du XIX° siècle, l’archipel connut des « razzias » d’esclaves, orchestrées par des pillards venus de Madagascar. En 1887 ; le Royaume-Uni devait intercéder auprès de Radama I, Roi de Madagascar, afin que ce dernier interdît ce commerce qui motivait ces razzias. Cependant, il faudra attendre la fin du XIX° siècle pour que la France abolisse définitivement la traite dans l‘archipel.

 

Les descendants actuels de ces esclaves nombreux constituent la majorité des habitants. Cependant, le Sultanat - qui nécessitait de nombreuses épouses issues de l’aristocratie mais aussi des concubines choisies dans la population servile, et l’abolition de l’esclavage, ont favorisé un métissage caractérisant le phénotype des comoriens et les éléments essentiels de leur culture. En effet, les idiomes usités aux Comores témoignent de l’origine diverse du peuplement puisqu’on y parle surtout le comorien (d’origine arabe et bantoue), le SWAHILI (originaire surtout de la côte orientale africaine) et le KIBUSHI (d’origine malgache). Cependant, l’Islam, religion commune aux îles de l’archipel, constitue l’unité culturelle de la région.

Aussi, l’organisation sociale et politique du Sultanat comorien, illustre-t-elle parfaitement, dans sa spécificité, l’apport des influences musulmanes et africaines, lesquelles caractérisent encore de nos jours, les us et coutumes de la population. Néanmoins, l’aristocratie locale, constituée de sultans et de princes, employait seule la langue arabe dans les actes officiels. Aussi, les seuls écrits de l’époque étaient-ils rédigés en langue arabe.

Source:etoileroyale

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